Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
l’ankus du roi

— C’est l’os d’une tête d’homme, dit-il avec calme… En voici deux autres.

— Ils vinrent, il y a nombre d’années, pour emporter le Trésor. Je leur parlai dans l’ombre et ils ne bougèrent plus.

— Mais qu’ai-je besoin de ce qu’on appelle un trésor ? Si tu veux seulement me donner l’ankus à emporter, c’est une assez bonne chasse. Sinon, c’est bonne chasse tout de même. Je ne me bats pas avec le Peuple du Poison, et l’on m’a enseigné aussi le maître-mot de ta tribu.

— Il n’y a qu’un Maître-Mot ici. C’est le mien !

Kaa s’élança, les yeux flambants.

— Qui m’a prié d’amener l’Homme ? siffla-t-il.

— Moi, évidemment, dit du bout des dents le vieux Cobra. Il y a longtemps que je n’avais vu d’Homme, et celui-ci parle notre langue…

— Mais il n’était pas question de tuer. Comment puis-je retourner à la Jungle et dire que je l’ai conduit à la mort ? dit Kaa.

— Je ne te parle pas de tuer, jusqu’à ce qu’il en soit temps. Et quant à ce qui est, pour toi, de rester ou de partir, il y a le trou dans le mur. Silence, maintenant, gros tueur de singes ! Je n’ai qu’à te toucher au cou, et la Jungle n’entendra plus parler