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revenait à l’esprit. Ainsi, la Jungle te donne tout ce que tu as jamais désiré, Petit Frère ?

— Pas tout, dit Mowgli en riant ; ou il y aurait un autre Shere Khan aussi gros à tuer une fois par lune. Maintenant, je pourrais tuer avec mes propres mains, sans l’aide de buffles. Et puis aussi, j’ai souhaité voir briller le soleil au milieu des Pluies, et les Pluies cacher le soleil au fort de l’été ; et je ne me suis jamais levé le ventre vide, sans désirer avoir tué une chèvre ; et je n’ai jamais tué une chèvre sans désirer que ce fût un chevreuil, ni un chevreuil sans désirer que ce fût un nilghai. Mais c’est ainsi que nous sentons tous…

— Tu n’as pas d’autre désir ? demanda le grand serpent.

— Que puis-je désirer de plus ? J’ai la Jungle, et la Faveur de la Jungle ! Y a-t-il quelque chose de plus entre l’aurore et le couchant ?

— Pourtant le Cobra disait… commença Kaa.

— Quel Cobra ? Celui qui vient de filer n’a rien dit. Il était en chasse.

— C’est un autre.

— As-tu donc beaucoup de rapports avec le Peuple du Poison ? Pour moi je leur laisse leur chemin. Ils portent la mort dans leur dent de de-