Mowgli, d’un rapide mouvement des deux pieds, tâchait de paralyser la prise de l’énorme queue, tandis qu’elle cherchait en arrière, à tâtons, l’appui d’un rocher ou d’une souche. Ils oscillaient ainsi d’un côté et d’autre, tête contre tête, chacun épiant son moment jusqu’à ce que le beau groupe sculptural se fondît en un tourbillon de replis noirs et jaunes de jambes et de bras agités, pour se reformer et se défaire encore.
— Tiens !… Tiens !… Tiens !… — disait Kaa, en faisant des feintes de tête, que la main preste de Mowgli n’arrivait point à parer. — Vois ! Je te touche ici, Petit Frère… ! Et là… et là !… As-tu les mains gourdes ?… Et là encore !
Le jeu finissait toujours de la même manière — par un coup droit de bélier qui culbutait le garçon plusieurs fois sur lui-même. Jamais Mowgli ne put trouver une garde contre cette botte foudroyante, et, comme le disait Kaa, c’était tout à fait inutile d’essayer.
— Bonne chasse ! grogna Kaa pour finir.
Et Mowgli, suivant l’habitude, fut lancé à une douzaine de mètres, suffoquant et riant. Il se releva, de l’herbe plein les doigts, et suivit Kaa vers la baignade favorite du sage python — mare profonde