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les croque-morts

tremblât jusqu’au bout des plumes de sa queue. — Rien de plus qu’un fusil… Pour sûr il est mort… Voici les visages blancs.

Les deux Anglais étaient descendus en toute hâte du pont, et coururent au banc de sable où ils restèrent à admirer la longueur du Mugger. Puis un indigène, à l’aide d’une hache, coupa la grosse tête, et quatre hommes le tirèrent en travers de la langue de terre.

— La dernière fois que je mis la main dans la gueule d’un mugger, dit l’un des Anglais en se baissant (c’était l’homme qui avait construit le pont), — j’avais alors cinq ans environ… et je descendais la rivière en bateau pour aller à Monghyr. J’étais un bébé de l’Insurrection, comme on disait. Ma pauvre mère était dans le bateau, elle aussi, et elle m’a souvent raconté comme quoi elle déchargea le vieux pistolet de mon père sur l’animal.

— Eh bien ! vous avez pris certainement votre revanche sur le chef de la tribu… Même si le fusil vous a fait saigner du nez. Hé ! vous autres bateliers ! Tirez cette bête sur la berge, vous la ferez bouillir pour avoir le crâne. Sa peau est trop abîmée pour la conserver. Allons nous coucher main-