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le second livre de la jungle

sons, parmi le bétail. Il me faut savoir ce qu’il fait, ce qu’il va faire, et c’est en ajoutant la queue à la trompe, comme dit le proverbe, que je construis tout l’éléphant. Accroche-t-on une branche verte ou un anneau de fer à une porte, le vieux Mugger sait qu’un garçon vient de naître dans cette maison, et qu’un jour il descendra jouer sur les bords du Ghaut. Une jeune fille est-elle sur le point de se marier, le vieux Mugger le sait, car il voit les hommes apporter et remporter des présents ; puis elle, à son tour, s’en vient vers le Ghaut pour se baigner avant les noces, et… lui, il est là. La rivière a-t-elle changé de lit et créé de nouvelles terres à l’endroit où il n’y avait que le sable auparavant ? Le Mugger le sait.

— Pour ce qui est de savoir cela, dit le Chacal, à quoi bon ? La rivière a changé de lit même pendant ma courte vie.

Les rivières indiennes ne cessent presque jamais de se déplacer capricieusement dans leurs lits et s’écarteront parfois de deux ou trois milles dans une saison, noyant les champs sur une rive, et couvrant l’autre d’humus fertile.

— Il n’y a pas de connaissance plus utile, répondit le Mugger, terres nouvelles, ce sont nou-