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Respect aux vieillards !

C’était une voix épaisse… une voix fangeuse qui vous eût fait frissonner… une voix comme le bruit de quelque chose de mou qui se casserait en deux. Il y avait en elle un tremblotement : elle tenait du coassement et de la plainte.

Respect aux vieillards ! Ô compagnons de la rivière… respect aux vieillards !

On ne pouvait rien voir sur la vaste étendue de rivière, sauf les voiles carrées d’une flottille de gabares chevillées de bois et chargées de pierres à bâtir, qui passaient juste sous le pont du chemin de fer, et descendaient le courant. Elles mirent toute la barre de leurs pesants gouvernails pour éviter un banc de sable formé par le remous de l’eau en aval des piles du pont, et, au moment où elles passaient, trois de front, l’horrible voix recommença :

Ô Brahmanes de la Rivière… respect aux vieillards et aux infirmes !