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la descente de la jungle

couragement, en descendant une percée, pour montrer la voie libre ; ou bien Baloo, la bouche pleine de racines, clopinait le long d’une ligne hésitante, et, moitié menaçant, moitié batifolant, la remettait gauchement en bonne route. Un grand nombre de bêtes revinrent sur leurs pas, ou s’enfuirent, ou renoncèrent à continuer, mais il en resta beaucoup pour aller de l’avant. Dix jours environ plus tard la situation était celle-ci : les cerfs, les sangliers et les nilghais broyaient tout à la ronde sur un cercle de huit à dix milles de rayon, tandis que les Mangeurs de Chair escarmouchaient sur les bords. Et le centre du cercle était le village autour duquel mûrissaient les récoltes ; et, parmi ces récoltes, se tenaient des hommes sur ce qu’ils appellent des machans — plateformes assez semblables à des perchoirs à pigeons, faites de bâtons portés par quatre piquets — afin d’effaroucher les oiseaux et autres voleurs. Alors, les cerfs ne furent plus ménagés ; les Mangeurs de Chair les serrèrent de près et les forcèrent à marcher toujours de l’avant et vers le centre.

Ce fut par une nuit noire que Hathi et ses trois fils se glissèrent hors de la Jungle et rompirent, au moyen de leurs trompes, les piquets des machans.