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le second livre de la jungle

Puis ils se mirent à brouter et ils broutèrent tranquillement pendant une semaine à peu près. Hathi et ses fils ressemblent à Kaa, le Python du Rocher : ils ne se hâtent jamais qu’une fois le moment venu.

Au bout de ce temps, la rumeur — et personne ne sut d’où elle venait — se répandit dans la Jungle qu’on pouvait trouver une nourriture et une eau bien meilleures dans telle et telle vallée. Les sangliers qui, naturellement, iraient au bout du monde pour un bon repas, se mirent en mouvement d’abord, par compagnies, en se bousculant sur les rochers ; et les cerfs suivirent, avec les petits renards sauvages qui vivent des morts et des mourants que sèment les hardes ; les nilghais trapus s’ébranlèrent en colonne parallèle aux cerfs, et les buffles sauvages des marais vinrent derrière les nilghais. La moindre chose eût suffi à faire dévier les bandes éparses aux traînards innombrables qui paissaient, flânaient, buvaient et se remettaient à paître ; mais à chaque velléité d’alarme, quelqu’un surgissait pour les calmer. Une fois, c’était Sahi, le Porc-Épic, plein de nouvelles au sujet de bonnes choses à manger juste un peu plus loin ; une autre fois on voyait Mang battre de l’aile, avec des cris d’en-