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le second livre de la jungle

il ouvrit la bouche, ce fut pour s’adresser à Bagheera, et non aux éléphants.

— Je vais raconter une histoire que je tiens du chasseur que vous avez chassé aujourd’hui, dit Mowgli. Elle concerne un éléphant très vieux et très sage, qui tomba dans une trappe, et que le pieu aigu dressé au fond de la fosse balafra depuis le talon, ou peu s’en faut, jusqu’au sommet de l’épaule. Il en reste une marque blanche.

Mowgli tendit le bras, et, comme Hathi évoluait, une longue cicatrice blanche parut au clair de lune sur son flanc gris-ardoise, telle que l’aurait laissée un fouet d’acier brûlant.

— Les hommes vinrent le tirer de la trappe afin de l’emmener, continua Mowgli, mais il brisa ses liens, car il était robuste, et s’en alla jusqu’à ce que sa blessure fut guérie. Alors, il revint, plein de colère, la nuit, dans les champs de ces chasseurs. Et je me rappelle maintenant qu’il avait trois fils. Tout cela se passa il y a beaucoup, beaucoup de Pluies, et très loin d’ici… dans les Champs de Bhurtpore… Qu’arriva-t-il à ces champs au temps de la moisson, Hathi ?

— Ils furent moissonnés par moi et mes trois fils, dit Hathi.