Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
le second livre de la jungle

Hommes eût changé le regard de tes yeux dans ton visage.

— Cela ne fait rien. Je connais un Maître-Mot pour Hathi lui-même. Prie-le de venir trouver Mowgli — la Grenouille, et, s’il n’entend pas tout d’abord, prie-le de venir à cause du sac des Champs de Bhurtpore.

— Le sac des Champs de Bhurtpore, — répéta deux ou trois fois Bagheera pour être sûre. J’y vais. En mettant les choses au pis, Hathi ne peut qu’être mécontent, et je donnerais une lune de chasse pour entendre un Maître-Mot qui fasse obéir le Silencieux.

Elle partit, laissant Mowgli en train de larder la terre avec son couteau, à coups furieux. Mowgli, de sa vie, n’avait vu de sang humain jusqu’à l’instant où il avait aperçu, et — ce qui lui disait bien plus — senti le sang de Messua sur les liens dont on l’avait garrottée. Or, Messua avait été bonne pour lui, et, autant qu’il pouvait savoir aimer, il aimait Messua aussi profondément qu’il haïssait le reste du genre humain. Mais quelle que fut son horreur des hommes, de leur bavardage, de leur cruauté et de leur couardise, il n’aurait pu, en échange de quoi que la Jungle lui pût offrir, se faire à l’idée de prendre une vie humaine, et sentir encore cette