bien que Mowgli même eût juré que le Clan tout entier donnait à pleine gorge ; puis, tous, à la fois, étonnèrent la magnifique Chanson du Malin dans la Jungle, sans omettre une des variations, des fioritures et des notes d’agrément, que sait moduler la voix bien timbrée d’un vrai loup du Clan. En voici une interprétation grossière, mais il faut en imaginer l’effet lorsqu’elle rompt le silence de l’après-midi dans la Jungle :
Tout à l’heure encor l’ombre de nos corps
Ne tachait pas la plaine :
Maintenant chacun, un spectre importun
Au gîte nous ramène.
Sur l’azur de l’air, dressé net et clair,
Branche ou roc détache son angle ;
Nous entendez-vous : Bon sommeil à tous
Qui gardez la Loi de la Jungle !
Plume et poil soudain, loup vautour ou daim,
Fondent dans les lisières ;
En silence vois les Barons du Bois
Regagner leurs lanières.
Lourd sous le joug neuf, par les champs le bœuf
Peine, le sillon fume ;
Redoutable et nu, le matin venu,
Flambe sur l’étang qui s’allume.
Au gîte ! il est temps. Le ciel rutilant
Blanchit l’herbe bavarde,
Et murmurant sous les jeunes bambous
Glissent les mots de garde.