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de quelque propos entendu, se forma dans le cerveau de Bagheera. Peut-être était-ce Sahi, le porc-épic, qui lui avait parlé de la chose. En tout cas, elle dit à Mowgli, comme ils étaient au plus profond de la jungle et que le petit garçon était couché, la tête sur la belle fourrure noire de la panthère :

— Petit Frère, combien de fois t’ai-je averti que Shere Khan est ton ennemi ?

— Autant de fois qu’il y a de noix sur cette palme ! déclara Mowgli, qui, naturellement, ne savait pas compter. Et puis après ? … J’ai sommeil, Bagheera, et Shere Khan est tout en queue et en cris… comme Mor, le Paon.

— Mais ce n’est plus temps de dormir. Baloo le sait, je le sais aussi, tout le clan le sait, et même ces imbéciles, ces imbéciles de daims le savent… Tabaqui te l’a dit lui-même.

— Oh ! oh ! dit Mowgli, Tabaqui est venu à moi, il n’y a pas longtemps, pour me raconter je ne sais plus quelle impertinente histoire : j’étais un petit d’homme, un petit nu, pas même bon à déterrer les truffes… Mais j’ai pris Tabaqui par la queue et l’ai cogné à deux reprises contre un palmier pour lui apprendre de meilleures manières.

— C’était une sottise, car si Tabaqui est un