Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bettes, une oreille droite et l’autre couchée, réglant l’allure pour tout son escadron. Et ses jambes marchaient comme sur une mesure de valse. Puis vinrent les gros canons, et je vis Double-Queue et deux autres éléphants attelés de front à un canon de siège de quarante, tandis que vingt attelages de bœufs marchaient derrière. La septième paire avait un joug neuf, et paraissait plutôt raide et fatiguée. Enfin arrivèrent les canons à vis : Billy, le mulet, se comportait comme s’il eût commandé toutes les troupes, et son harnais était huilé et poli à faire cligner les yeux. J’applaudis, tout seul, Billy, le mulet, mais il n’aurait pour rien au monde regardé à droite ou à gauche.

La pluie recommença à tomber, et, pendant quelque temps, il fit trop de brume pour voir ce que les troupes faisaient. Elles avaient formé un grand demi-cercle à travers la plaine, et se déployaient en ligne. Cette ligne s’allongea, s’allongea, et s’allongea, jusqu’à ce qu’elle eût trois quarts de mille d’une aile à l’autre — solide mur d’hommes, de chevaux et de fusils. Puis cela marcha droit sur le Vice-Roi et l’Émir, et à mesure que cela se rapprochait, le sol se mit à trembler, comme le pont d’un steamer lorsque les machines forcent la pression.