Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour la farce, quand je ne suis pas sorti depuis un jour ou deux ; mais que faites-vous en campagne ?

— Oh, c’est une tout autre paire de manches, dit le cheval de troupe. Dick Cunliffe est alors sur mon dos, et m’enfonce ses genoux dans les côtes ; tout ce que j’ai à faire, c’est de regarder où je mets le pied, de bien rassembler mon arrière-main, et d’obéir aux rênes.

— Qu’est-ce que c’est que cela : obéir aux rênes ? demanda le jeune mulet.

— Par les gommiers bleus d’Australie, renâcla le cheval de troupe, voulez-vous me faire croire qu’on ne vous a pas appris dans votre métier ce que c’est que d’obéir aux rênes ? À quoi êtes-vous bons si vous ne pouvez pas tourner tout de suite lorsque la rêne vous touche l’encolure ? C’est une question de vie ou de mort pour votre homme, et naturellement de vie ou de mort pour vous. On commence à appuyer, l’arrière-main rassemblé, au moment où on sent la pression de la rêne sur l’encolure. Si on n’a pas la place de tourner, on pointe un peu et on se reçoit sur ses jambes de derrière. Voilà ce que c’est que d’obéir aux rênes.

— On ne nous apprend pas les choses de cette