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m’avaient appris des indigènes, pour savoir ce qu’il disait. Ce devait être le même qui s’était étalé dans ma tente, car il interpella le mulet :

— Que faire ! Où aller ? Je me suis battu avec une chose blanche qui flottait, et elle a pris un bâton et m’a frappé sur le cou.

C’était le mât brisé de ma tente, et je fus très content de le savoir.

— Continuons-nous à courir ?

— Oh, c’est vous, dit le mulet, vous et vos amis, qui avez ainsi bouleversé le camp ? Parfait. Vous serez battu pour cela ce matin, mais je peux aussi bien vous donner un acompte.

J’entendis le cliquetis des harnais, et le chameau reçut dans les côtes deux ruades qui sonnèrent comme sur un tambour.

— Cela vous apprendra, dit-il, à courir une autre fois, à travers une batterie de mulets, la nuit, en criant : Au voleur et au feu ! Couchez-vous, et tenez votre grand niais de cou tranquille.

Le chameau se replia à la façon des chameaux, en équerre, et se coucha en geignant. On entendit dans l’obscurité un bruit rythmé de sabots sur le sol, et un grand cheval de troupe arriva au petit galop d’ordonnance, comme s’il avait été à