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je ne voulais pas barboter plus longtemps dans la bruine et dans le noir, je mis mon caoutchouc sur la bouche d’un canon, construisis une sorte de wigwam à l’aide de deux ou trois refouloirs trouvés là par hasard, et je m’étendis le long de l’affût d’un autre canon, me demandant où était passée Vixen, et où je pouvais bien me trouver moi-même.

Au moment où je me préparais à dormir, j’entendis un cliquetis de harnais et un grognement, tandis qu’un mulet passait devant moi en secouant ses oreilles mouillées. Il appartenait à une batterie de canons à vis, car je pus entendre un bruit de courroies, d’anneaux, de chaînes, et de toutes sortes de choses sur sa selle matelassée. — Les canons à vis sont de tout petits canons faits de deux parties que l’on visse ensemble quand arrive le moment de s’en servir. On les hisse sur les montagnes, partout où peut passer un mulet et ils sont d’un grand secours en terrain rocailleux.

Derrière le mulet, il y avait un chameau, dont les gros pieds mous s’écrasaient et glissaient dans la boue, et qui balançait le cou comme une poule égarée. Heureusement, je connaissais assez le langage des bêtes — non pas celui des bêtes sauvages, mais le langage des bêtes de camp, naturellement — que