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— Très bien ! très bien, firent les jeunes loups, qui ont toujours faim. — Écoutons Bagheera. Le petit peut être racheté. C’est la Loi.

— Sachant que je n’ai aucun droit de parler ici, je demande votre permission.

— Parle donc, crièrent vingt voix.

— Tuer un petit nu est une honte. En outre, il pourra nous aider à chasser mieux quand il sera en âge. Baloo a parlé en sa faveur. Maintenant, à ce qu’a dit Baloo, j’ajouterai l’offre d’un taureau, et bien gras, fraîchement tué à un demi-mille d’ici à peine, si vous acceptez le petit d’homme, conformément à la Loi. Y a-t-il une difficulté ?

Il s’éleva une clameur de voix disant par vingtaines :

— Qu’importe ! Il mourra sous les pluies de l’hiver ; il sera grillé par le soleil… Quel mal peut nous faire une grenouille nue ?… Qu’il coure avec le clan !… Où est le taureau, Bagheera ?… Qu’on l’accepte.

Et alors revint l’aboiement profond d’Akela.

— Regardez bien… regardez bien, ô loups !

Mowgli continuait à s’intéresser aux cailloux ; il ne daigna prêter aucune attention aux loups qui vinrent un à un l’examiner.