Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’écorce rude ; de vieux solitaires sillonnés, de l’épaule au flanc, des cicatrices et des balafres d’autrefois, et les gâteaux de boue de leurs baignades à l’écart pendant encore de leurs épaules ; et il y avait un éléphant avec une défense brisée et les marques du plein assaut, le terrible sillon des griffes d’un tigre à son flanc. Ils se faisaient vis-à-vis, ou se promenaient de long en large, deux à deux, ou restaient à se balancer et à se dandiner tout seuls. Il y en avait des vingtaines et des vingtaines. Toomai savait qu’aussi longtemps qu’il resterait tranquille sur le cou de Kala Nag, aucun mal ne pouvait lui arriver : car un éléphant sauvage, même dans l’avalanche du keddah, ne lèverait pas sa trompe pour arracher un homme du cou d’un éléphant apprivoisé ; et ceux-là ne pensaient guère aux hommes cette nuit. Un moment, ils tressaillirent et dressèrent les oreilles en avant : on entendait sonner les fers d’un anneau de pied dans la forêt. Mais c’était Pudmini, l’éléphante favorite de Petersen Sahib, sa chaîne cassée court, qui gravissait, grognant et soufflant, le flanc de la montagne ; elle devait avoir brisé ses piquets, et venir droit du camp de Petersen Sahib. Et Petit Toomai vit un autre éléphant, qu’il ne connaissait pas, avec de profondes écor-