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pencha en avant, regarda, et il sentit que la forêt était éveillée au-dessous de lui, éveillée, vivante et pleine d’êtres. Une de ces grosses chauves-souris brunes, qui se nourrissent de fruits, lui effleura l’oreille ; les piquants d’un porc-épic cliquetèrent sous bois ; et, dans l’obscurité, entre les troncs d’arbres, il entendit un sanglier qui fouillait avec ardeur la chaude terre molle et flairait en fouillant. Puis les branches se refermèrent sur sa tête, et Kala Nag se mit à descendre la pente de la vallée, non plus paisiblement, cette fois, mais comme un canon échappé descend un talus à pic, d’un élan. Les énormes membres se mouvaient avec une régularité de pistons, par enjambées de huit pieds, et l’on entendait des froissements de peau ridée au pli des articulations. Les broussailles éventrées craquaient de chaque côté avec un bruit de toile déchirée ; les jeunes pousses qu’il écartait de droite et de gauche avec ses épaules rebondissaient en arrière et lui cinglaient les flancs ; de grandes traînées de lianes emmêlées et compactes pendaient de ses défenses, tandis qu’il jetait la tête de part et d’autre et se creusait son chemin.

Alors, Petit Toomai s’aplatit contre le grand cou, de peur qu’une branche ballante ne le balayât sur le