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Un cornac, à deux ou trois éléphants en avant, un homme de l’Assam, se retourna en criant avec colère :

— Amène Kala Nag, et cogne-moi sur ce jouvenceau que j’ai là, pour lui apprendre à se tenir. Pourquoi Petersen Sahib m’a-t-il choisi pour descendre avec vous autres, ânes de rizières !… Conduis ta bête sur le côté, Toomai, et laisse-la travailler des défenses… Par tous les Dieux des montagnes, ces nouveaux éléphants sont possédés… ou bien ils sentent leurs camarades dans la jungle !

Kala Nag frappa le nouveau dans les côtes, à lui en faire perdre le souffle, tandis que Toomai disait :

— Nous avons nettoyé les montagnes d’éléphants sauvages, à la dernière chasse. C’est seulement la négligence avec laquelle vous les conduisez. Est-ce que je suis chargé de l’ordre tout le long de la file ?

— Écoutez-le ! cria l’autre cornac : « Nous avons nettoyé les montagnes !… » Oh ! oh ! Vous êtes malins, vous autres, gens de la plaine. Tout le monde, sauf un cul-terreux qui n’a jamais vu la jungle, saurait ce qu’ils savent bien, eux, que la chasse est finie pour cette saison : alors, ce soir, tous les éléphants sauvages feront… — Mais pourquoi gaspiller ce qu’on sait devant une tortue de rivière ?