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en face du grand Petersen Sahib. Alors, Petit Toomai se couvrit le visage de ses mains, car il n’était qu’un enfant, et, sauf en ce qui touchait les éléphants, il était aussi timide qu’un enfant peut l’être.

— Oh ! oh ! — dit Petersen Sahib en souriant sous sa moustache — et pourquoi as-tu appris à ton éléphant ce tour-là ? Est-ce pour t’aider à voler le blé vert sur les toits des maisons, quand on met les épis à sécher ?

— Pas le blé vert, Protecteur du Pauvre… les melons, dit Petit-Toomai.

Et tous les hommes assis à l’entour remplirent l’air d’une explosion de rires. La plupart d’entre eux avaient appris ce tour à leurs éléphants, lorsqu’ils étaient gamins. Petit Toomai était suspendu à huit pieds en l’air, et il aurait désiré très fort être à huit pieds sous terre.

— C’est Toomai, mon fils, Sahib ! — dit Grand Toomai, en fronçant les sourcils. — C’est un méchant enfant, et il finira en prison, Sahib.

— Pour ça, tu me permettras d’en douter ! dit Petersen Sahib. Un garçon qui, à son âge, peut affronter un plein keddah ne finit pas en prison… Tiens, petit, voici quatre annas pour acheter des bonbons, parce que tu as une vraie petite tête sous