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lon, et il courait déjà de haut en bas et de bas en haut du jardin, flairant de tous côtés, lorsqu’il entendit les voix les plus lamentables sortir d’un buisson épineux.

C’était Darzee, l’oiseau-tailleur, et sa femme. Ils avaient construit un beau nid en rapprochant deux larges feuilles dont ils avaient cousu les bords avec des fibres et rempli l’intérieur de coton et de bourres duveteuses. Le nid se balançait de côté et d’autre, tandis qu’ils pleuraient, perchés à l’entrée.

— Qu’est-ce que vous avez ? demanda Rikki-tikki.

— Nous sommes très malheureux, dit Darzee. Un de nos bébés, hier, est tombé du nid, et Nag l’a mangé.

— Hum ! dit Rikki-tikki, voilà qui est fort triste… Mais je suis étranger ici. Qui est-ce, Nag ?

Darzee et sa femme, pour toute réponse, se blottirent dans leur nid, car, de l’épaisseur de l’herbe, au pied du buisson, sortit un sifflement sourd… un horrible son glacé… qui fit sauter Rikki-tikki de deux pieds en arrière. Alors, pouce par pouce, s’éleva de l’herbe la tête au capuchon éployé de Nag, le gros cobra noir, qui comptait bien cinq pieds de long