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Un jour, les hautes eaux d’été l’entraînèrent hors du terrier où il vivait avec son père et sa mère, et l’emportèrent, battant des pattes et gloussant, le long d’un fossé qui bordait une route. Il trouva là une petite touffe d’herbe qui flottait, et s’y cramponna jusqu’à ce qu’il perdît le sentiment. Quand il revint à la vie, il gisait au chaud soleil, au milieu d’une allée de jardin, très mal en point il est vrai, et un petit garçon disait :

— C’est une mangouste morte. Faisons-lui un enterrement.

— Non, dit la mère, prenons-la pour la sécher. Peut-être n’est-elle pas morte pour de bon.

Ils l’emportèrent dans la maison, où un homme le prit entre son pouce et son index, et dit qu’il n’était pas mort, mais seulement à moitié suffoqué ; alors ils l’enveloppèrent dans du coton, l’exposèrent à la chaleur d’un feu doux, et… Rikki-tikki ouvrit les yeux et éternua.

— Maintenant, — dit l’homme (c’était un anglais qui venait justement de s’installer dans le bungalow), — ne l’effrayez pas, et nous allons voir ce qu’elle va faire.

C’est la chose la plus difficile du monde que d’effrayer une mangouste, parce que de la tête à la