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tait pas un animal ordinaire. C’était de la sorcellerie, de la magie, et de la pire espèce, pensait Buldeo ; et il se demandait si l’amulette qu’il avait au cou suffirait à le protéger. Il restait là sans bouger d’une ligne, s’attendant, chaque minute, à voir Mowgli lui-même se changer en tigre.

— Maharajah ! Grand roi ! murmura-t-il enfin d’un ton embarrassé.

— Eh bien ? dit Mowgli, sans tourner la tête et en ricanant.

— Je suis un vieil homme. Je ne savais pas que tu fusses rien de plus qu’un petit berger. Puis-je me lever et partir, ou bien ton serviteur va-t-il me mettre en pièces ?

— Va, et la paix soit avec toi !…Seulement, une autre fois, ne te mêle pas de mon gibier… Lâche-le, Akela.

Buldeo s’en alla clopin-clopant vers le village, aussi vite qu’il pouvait, regardant par-dessus son épaule, pour le cas où Mowgli se serait métamorphosé en quelque chose de terrible. À peine arrivé, il raconta une histoire de magie, d’enchantement et de sorcellerie, qui décida le prêtre à prendre un air très grave.

Mowgli continua son travail, mais le jour tom-