Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.

marécages. Il n’y avait plus besoin de trépigner Shere-Khan. Il était mort et les vautours arrivaient déjà.

— Frères, il est mort comme un chien, — dit Mowgli, en cherchant de la main le couteau qu’il portait toujours dans une gaine suspendue à son cou maintenant qu’il vivait avec les hommes. — Mais il ne se serait jamais battu… Wallah ! sa peau fera bien sur le Rocher du Conseil. Il faut nous mettre à la besogne lestement.

Un enfant élevé parmi les hommes n’aurait jamais rêvé d’écorcher seul un tigre de dix pieds, mais Mowgli savait mieux que personne comment tient une peau de bête, et comment elle s’enlève. Toutefois, c’est un rude travail, et Mowgli tailla, tira, peina pendant une heure, tandis que les loups le contemplaient, la langue pendante, ou s’approchaient et l’aidaient à tirer quand il l’ordonnait. Tout à coup, une main tomba sur son épaule ; et, levant les yeux, il vit Buldeo avec son mousquet. Les enfants avaient raconté dans le village la charge des buffles, et Buldeo était sorti tout en colère, très pressé de corriger Mowgli pour n’avoir pas pris soin du troupeau. Les loups disparurent dès qu’ils virent l’homme venir.