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ensemble les vaches, et fais-les remonter par le débouché du ravin.

— Jusqu’où ? dit Frère Gris, haletant et mordant de droite et de gauche.

— Jusqu’à ce que les côtés s’élèvent assez pour que Shere Khan ne puisse les franchir ! cria Mowgli. Garde-les là jusqu’à ce que nous redescendions.

Les taureaux décampèrent aux aboiements d’Akela, et Frère Gris s’arrêta en face des vaches. Elles foncèrent sur lui, et il fuit devant elles jusqu’au débouché du ravin, tandis qu’Akela chassait les taureaux loin sur la gauche.

— Bien fait ! Un autre temps de galop comme celui-là, et ils sont joliment lancés… Tout beau, maintenant, tout beau, Akela ! Un coup de dent de trop, et les taureaux chargent… Hujah ! C’est de l’ouvrage plus sûr que de courre un chevreuil noir. Tu n’aurais pas cru que ces lourdauds pouvaient aller si vite ? cria Mowgli.

— J’ai… j’en ai chassé aussi dans mon temps, — souffla Akela dans le nuage de poussière. — Faut-il les rabattre dans la jungle ?

— Oui ! Rabats-les bien vite ! Rama est fou de rage. Oh ! si je pouvais seulement lui faire comprendre ce que je veux de lui aujourd’hui.