Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ardoise, avec leurs longues cornes traînantes et leurs yeux féroces, se levèrent de leurs étables, un par un, et le suivirent ; et Mowgli, aux enfants qui raccompagnaient, fit voir très clairement qu’il était le maître. Il frappa les buffles avec un long bambou poli, et dit à Kamya, un des garçons, de laisser paître le bétail tandis qu’il allait en avant avec les buffles, et de prendre bien garde à ne pas s’éloigner du troupeau.

Un pâturage indien est tout en rochers, en mottes, en trous et en petits ravins, parmi lesquels les troupeaux se dispersent et disparaissent. Les buffles aiment généralement les mares et les endroits vaseux, où ils se vautrent et se chauffent, dans la boue chaude, durant des heures. Mowgli les conduisit jusqu’à la lisière de la plaine, où la Waingunga sortait de la jungle ; là, il se laissa glisser du dos de Rama, et s’en alla en trottant vers un bouquet de bambous où il trouva Frère Gris.

— Ah ! dit Frère Gris, je suis venu attendre ici bien des jours de suite. Que signifie ce travail de garder les bestiaux ?

— Un ordre que j’ai reçu, dit Mowgli ; je suis pour un temps berger de village. Quelles nouvelles de Shere Khan ?