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Mowgli, ils poussèrent des cris et se sauvèrent, et les chiens parias jaunes, qui errent toujours autour d’un village hindou, se mirent à aboyer. Mowgli avança, car il se sentait très faim, et en arrivant à la barrière du village, il vit le gros buisson épineux, que l’on tirait devant, chaque jour au crépuscule, poussé sur l’un des côtés.

— Hum ! — dit-il, car il avait rencontré plus d’une de ces barricades dans ses expéditions nocturnes en quête de choses à manger.

— Ainsi, les hommes craignent le peuple de la jungle même ici !

Il s’assit près de la barrière, et au premier homme qui sortit, il se leva, ouvrit la bouche, et en désigna du doigt le fond, pour indiquer qu’il avait besoin de nourriture. L’homme écarquilla les yeux, et remonta en courant l’unique rue du village, appelant le prêtre, qui était un gros homme vêtu de blanc avec une marque rouge et jaune sur le front. Le prêtre vint à la barrière, et, avec lui, plus de cent personnes écarquillant aussi les yeux, parlant, criant et se montrant Mowgli du doigt.

— Ils n’ont point de façons, ces gens qu’on appelle des hommes ! se dit Mowgli. Il n’y a que le singe gris capable de se conduire comme ils le font.