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la terrasse et fermait ses mâchoires d’un claquement sonore qui attirait sur lui les yeux de tous les singes.

— La lune se couche, dit-il. Y a-t-il encore assez de lumière pour voir ?

Des murs vint un gémissement comme celui du vent à la pointe des arbres :

— Nous voyons, ô Kaa !

— Bien. Et maintenant, voici la danse… la danse de la Faim de Kaa. Restez tranquilles et regardez !

Il se roula deux ou trois fois en un grand cercle, en agitant sa tête de droite et de gauche d’un mouvement de navette. Puis il se mit à faire des boucles et des huit avec son corps, des triangles visqueux qui se fondaient en carrés mous, en pentagones, en tertres mouvants, tout cela sans se reposer, sans se hâter, sans jamais interrompre le sourd bourdonnement de sa chanson. La nuit se faisait de plus en plus noire ; bientôt, on ne distingua plus la lente et changeante ondulation du corps, mais on pouvait entendre le bruissement des écailles.

Baloo et Bagheera se tenaient immobiles comme des pierres, des grognements au fond de la gorge, le cou hérissé, et Mowgli regardait tout étonné.