chuchotement sur les pentes des montagnes, ne laissait deviner où les autres étaient partis. Petit Toomai regarda de tous ses yeux. La clairière, autant qu’il s’en souvenait, s’était élargie pendant la nuit. Un grand nombre d’arbres se dressaient au milieu, mais l’enceinte de broussaille et d’herbe de jungle se trouvait reculée. Petit Toomai regarda une fois encore ; maintenant, il comprenait le pilonnage. Les éléphants avaient élargi l’espace foulé, réduit en litière, à force de piétiner l’herbe épaisse et les cannes juteuses, puis la litière en brindilles, les brindilles en fibres menues, et les fibres en terre compacte.
— Ouf ! fit Petit Toomai, et ses paupières lui semblaient très lourdes ; Kala Nag, monseigneur, ne quittons pas Pudmini, et retournons au camp de Petersen Sahib, ou bien je vais tomber de ton cou.
Le troisième éléphant regarda partir les deux autres, renâcla, fit volte-face, et reprit la route par laquelle il était venu. Il devait appartenir à quelque établissement de petit prince indigène, à cinquante, soixante ou cent milles de là.
Deux heures plus tard, comme Petersen Sahib prenait son premier déjeuner, ses éléphants, dont les chaînes avaient été doublées cette nuit-là, commencèrent à trompeter, et Pudmini, crottée jusqu’aux épaules, suivie de Kala Nag clopinant sur ses pieds endoloris, firent leur entrée dans le camp. Le visage de Petit Toomai était blême et tiré, sa chevelure pleine de feuilles et trempée de rosée, mais il fit le geste de saluer Petersen Sahib, et cria d’une voix défaillante :