ton père, qui a nettoyé toutes les montagnes de tous les éléphants, fera bien, ce soir, de mettre double chaîne à ses piquets.
— Qu’est-ce qu’il raconte ? fit Grand Toomai. Pendant quarante années, de père en fils, nous avons soigné les éléphants, et nous n’avons jamais ouï parler de ces danses-là.
— Oui, mais un homme des plaines, qui vit dans une hutte, ne connaît que les quatre murs de sa hutte. Eh bien ! laisse tes éléphants sans entraves, ce soir, tu verras ce qui arrivera. Quant à leur danse, j’ai vu la place où — — Bapree-bap ! combien de coudes a cette rivière Dihang ? Voici encore un gué, il va falloir mettre les petits à la nage. Tenez-vous tranquilles, vous autres, là-bas derrière !
Ainsi causant, se querellant et pataugeant à travers les rivières, leur première étape les conduisit jusqu’à une sorte de camp destiné à recevoir les nouveaux éléphants. Mais ils avaient perdu patience longtemps avant d’y arriver.
Là, les animaux furent attachés par les jambes de derrière aux piquets enfoncés à coups de lourdes masses ; on mit des cordes supplémentaires aux nouveaux ; on entassa devant eux le fourrage. Puis les cornacs de la montagne retournèrent vers Petersen Sahib, sous le soleil de l’après-midi, en recommandant aux hommes de la plaine de veiller mieux ce soir-là que de coutume, et ils riaient lorsque ceux-ci leur en demandaient la raison.
Petit Toomai présida au souper de Kala Nag ; et, comme le soir tombait, il erra par le camp, heureux au-delà de toute expression, en quête d’un tam-tam. Lorsqu’un enfant hindou se sent le cœur en liesse, il ne court pas de tous