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De bonne heure, le matin, Rikki-tikki vint au premier déjeuner sous la véranda, porté sur l’épaule de Teddy ; on lui donna une banane et un peu d’œuf à la coque, et il se laissa prendre sur les genoux des uns après les autres, parce qu’une mangouste bien élevée espère toujours devenir à quelque moment une mangouste domestique, et avoir des chambres pour courir au travers. Or, la mère de Riki-tikki (elle avait habité autrefois la maison du général à Segowlee) avait soigneusement instruit son fils de ce qu’il devait faire si jamais il rencontrait des hommes blancs.

Puis, Rikki-tikki sortit dans le jardin pour voir ce qu’il y avait à voir. C’était un grand jardin, seulement à demi cultivé, avec des buissons de roses Maréchal Niel aussi gros que des kiosques, des citronniers et des orangers, des bouquets de bambous et des fourrés de hautes herbes. Rikki-tikki se lécha les lèvres.

— Voilà un splendide terrain de chasse, dit-il.

À cette pensée, sa queue se hérissa en goupillon, et il courait déjà de haut en bas et de bas en haut du jardin, flairant de tous côtés, lorsqu’il entendit les voix les plus lamentables sortir d’un buisson épineux.

C’était Darzee, l’oiseau-tailleur, et sa femme. Ils avaient construit un beau nid en rapprochant deux larges feuilles dont ils avaient cousu les bords avec des fibres et rempli l’intérieur de coton et de bourres duveteuses. Le nid se balançait de côté et d’autre, tandis qu’ils pleuraient, perchés à l’entrée.

— Qu’est-ce que vous avez ? demanda Rikki-tikki.