Quand ils se remirent à pâturer, Kotick vit que leur lèvre supérieure était fendue en deux morceaux, qu’ils pouvaient écarter d’environ un pied, pour de nouveau les joindre avec un boisseau de goémon dans la fente. Ils poussaient le varech dans leurs bouches et mâchaient solennellement.
— Sale manière de manger, fit Kotick.
Ils dodelinèrent encore, et Kotick commença à perdre patience.
— Très bien ! dit-il. Ce n’est pas pour une articulation de plus que les autres dans votre nageoire de devant, qu’il vaut la peine de faire tant d’embarras. Je vois que vous saluez gracieusement, mais je voudrais connaître vos noms.
Les lèvres fendues remuèrent, se tordirent ; les yeux vitreux et verdâtres s’arrondirent, mais ils ne parlèrent pas.
— Eh bien ! dit Kotick, vous êtes les seules gens que j’aie jamais rencontrés qui soient plus laids que Sea Vitch… et plus mal léchés !
Alors, il se souvint, en un éclair, de ce que la Mouette-Bourgmestre qui avait crié, quand il n’était qu’un petit de l’année, à Walrus Islet, et il retomba en arrière dans l’eau : il le voyait bien, il avait enfin découvert Sea Cow.
Les vaches marines continuaient de mâchonner, de pâturer et de ruminer dans le varech, et Kotick leur posa des questions dans toutes les langues qu’il avait ramassées au cours de ses voyages, car le peuple de la mer parle presque autant de langues que les êtres humains. Mais les vaches marines ne répondaient pas, car Sea Cow ne sait pas parler. Il n’a que six os dans le cou au lieu de sept,