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— Oh ! dit Patalamon. Regarde. Voilà un phoque blanc.

Kerick Booterin devint presque pâle sous sa couche d’huile et de fumée — car il était Aléoute, et les Aléoutes ne sont pas des gens soignés. Puis il marmotta une prière.

— Ne le touche pas, Patalamon. Il n’y a jamais eu de phoque blanc depuis que je suis né. Peut-être que c’est l’esprit du vieux Zaharrof qui s’est perdu l’année dernière dans un gros coup de vent.

— Je passe au large, dit Patalamon. Ça porte malheur… Vous croyez vraiment que c’est le vieux Zaharrof qui revient ? Je lui dois quelque chose pour des œufs de mouette.

— Ne le regarde pas, dit Kerick. Rabats cette troupe de quatre ans. Les hommes devraient en écorcher deux cents aujourd’hui, mais c’est le début de la saison, et ils sont neufs à l’ouvrage. Cent suffiront. Vite !

Patalamon secoua une paire de castagnettes, formées de deux clavicules de phoque, devant un troupeau de holluschickie, et ceux-ci s’arrêtèrent net, reniflant et soufflant. Puis il s’approcha. Les phoques se mirent en mouvement, et Kerick les mena vers l’intérieur sans qu’ils essayassent une fois de rejoindre leurs compagnons. Des centaines et des centaines de phoques virent emmener les autres, mais ils continuèrent à jouer comme si de rien n’était. Kotick fut le seul à poser des questions, et aucun de ses camarades ne put rien lui dire, sinon que les hommes menaient toujours les phoques de cette manière pendant six semaines ou deux mois chaque année.