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Zèbre, j’entends le Zèbre, mais je ne peux pas le voir.

— Attends un peu, dit l’Éthiopien. Il y a longtemps que nous les avons chassés. Peut-être avons-nous oublié à quoi ils ressemblent.

— Et ta sœur ! dit le Léopard. Je me rappelle très bien comme ils étaient sur le Haut-Veldt, surtout quant à leurs os à moelle. La Girafe a dix-sept pieds de haut et sa robe est ’sclusivement d’un riche jaune d’or de la tête aux pieds ; et le Zèbre a quatre pieds et demi de haut et la robe gris beige de la tête aux pieds.

— Hum ! dit l’Éthiopien en plongeant l’œil parmi les ombres bariolées de la forêt des Flores aborigènes. Dans ce cas, ils devraient ressortir sur tout ce noir, comme des bananes mûres dans un four.

Mais ça n’était pas ça du tout. Le Léopard et l’Éthiopien chassèrent toute la journée, et malgré qu’ils pouvaient les entendre et les sentir, les voir ils ne pouvaient pas.

— Pour l’amour du ciel, dit le Léopard vers l’heure du thé, attendons qu’il fasse nuit. C’est un scandale que cette chasse en plein jour.

Ils attendirent donc la nuit, et alors le Léopard entendit quelque chose qui soufflait dans le clair des étoiles que rayaient d’ombres les branches, et il sauta sur le bruit : cela sentait comme Zèbre, cela remuait comme Zèbre, mais il ne pouvait pas le voir. De sorte qu’il dit :