Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout faible encore d’avoir tant ri, elles virent le Très Sage Monarque Suleiman-bin-Daoud qui se balançait d’avant en arrière, un Papillon sur chaque main, et l’entendirent qui disait :

— Ô femme de mon frère des airs, souviens-toi donc, après ceci, de complaire à ton mari en toutes choses, de peur qu’il soit provoqué à taper du pied de nouveau ; car il a dit qu’il avait l’habitude de cette Magie, et c’est un éminemment Grand Magicien — capable de dérober le Palais de Suleiman-bin-Daoud lui-même. Allez en paix, petites gens !

Et il les baisa sur les ailes, et ils prirent leur vol. Alors toutes les Reines, excepté Balkis, la Très Adorable et Magnifique Balkis, qui se tenait à l’écart et souriait, tombèrent à plat sur le visage, car elles disaient :

— Si de telles choses arrivent pour un Papillon mécontent de sa femme, qu’arrivera-t-il de nous, qui avons vexé notre Roi par nos paroles violentes et nos âpres querelles pendant tant de jours ?

Alors elles mirent leurs voiles sur leurs têtes, elles posèrent leurs mains sur leurs bouches et s’en revinrent au Palais sur la pointe des pieds, sans plus de bruit que des souris.

Alors Balkis — la Très Adorable et Très Excellente Balkis — s’avança parmi les lis rouges jusque