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fut un très maléfique malheur, lequel ne ressemble à aucun malheur qui nous fût jamais arrivé.

Alors Balkis, la Reine Très Adorable — la Certes Mieux Aimée de Suleiman-bin-Daoud — qui fut Reine de Saba, de Nubie et des Fleuves d’Or du Sud — du désert de Zinn aux tours de Zinbabwe — Balkis, presque aussi sage que le Très Sage Suleiman-bin-Daoud lui-même, dit :

— Ce n’est rien, ô Reines ! Un Papillon a porté plainte contre sa femme, parce qu’elle se querellait avec lui, et il a plu à notre Seigneur Suleiman-bin-Daoud de lui donner une leçon de douceur de langage et d’humilité, car ces choses comptent pour vertus parmi les femmes des papillons.

Se leva, pour lors, une Reine Égyptienne — la fille d’un Pharaon — et qui dit :

— Il ne se peut pas que notre Palais soit arraché par les racines comme un poireau, à cause d’un chétif insecte. Non ! Suleiman-bin-Daoud doit être mort, et ce que nous avons entendu et vu, c’était la terre qui tonnait et s’enténébrait en apprenant la nouvelle.

Alors Balkis fit signe à cette Reine hardie, sans la regarder, et lui dit, en même temps qu’aux autres :

— Venez et voyez.

Elles descendirent l’escalier de marbre, marchant par cent de front à la fois, et, sous son Camphrier,