devint noir comme de l’encre. La femme du Papillon voletait dans l’obscurité, criant :
— Oh ! je serai bonne ! Je regrette si fort d’avoir parlé ! Ramène les jardins, mon petit mari chéri, et je ne me disputerai plus !
Le Papillon eut presque aussi peur que sa femme, et Suleiman-bin-Daoud rit si fort qu’il se passa plusieurs minutes avant qu’il retrouvât assez de souffle pour murmurer au Papillon :
— Tape encore, petit frère. Rends-moi mon Palais, ô Très Puissant Magicien !
— Oui, rends-lui son Palais, dit la femme du Papillon, qui continuait à voler au hasard dans l’obscurité comme un phalène. Rends-lui son Palais, et que ce soit fini de cette abominable Magie.
— Eh bien, ma chère, dit le Papillon aussi bravement qu’il le put, tu vois à quoi ont abouti tes persécutions. Après tout, pour ma part, peu m’importe — j’ai l’habitude de ces choses-là. — Mais par grâce pour toi, de même qu’envers Suleiman-bin-Daoud, je veux bien remettre les choses comme avant.
Alors il tapa une autre fois du pied et les Djinns, à l’instant, déposèrent le Palais et les jardins à leur place, sans même une secousse. Le soleil brilla sur le vert foncé des feuilles d’oranger ; les fontaines jouèrent parmi les lis rouges d’Égypte ; les oiseaux continuèrent