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faire, dit le Papillon, et je ne veux pas enfreindre ma promesse.

— Tu peux l’enfreindre, personne ne s’en apercevra, dit sa femme. Tu ne courberais pas un brin d’herbe en tapant du pied. Je te défie de le faire, dit-elle. Tape ! Tape ! Tape !

Suleiman-bin-Daoud, assis sous le Camphrier, entendait chaque mot, et il rit comme il n’avait jamais ri de sa vie. Il oublia ses Reines. Il oublia l’Animal qui était sorti de la mer ; il oublia sa crainte d’étonner les gens. Il ne pensait qu’à rire de joie, et Balkis, de l’autre côté de l’arbre, sourit de voir si content son unique et fidèle Amour.

Là-dessus, le Papillon, tout suant et tout épouffé, revint en tournoyant à l’ombre du Camphrier et dit à Suleiman :

— Elle veut que je tape ! Elle veut voir ce qui arrivera, ô Sulciman-bin-Daoud ! Tu sais que je ne peux rien, et maintenant elle ne voudra plus jamais croire un mot de ce que je dis. Elle se moquera de moi jusqu’à la fin de mes jours.

— Non, petit frère, dit Suleiman-bin-Daoud, elle ne rira plus de toi jamais.

Et il tourna l’anneau sur son doigt — rien qu’à cause du petit Papillon, non point pour étonner per-