Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— En vérité, tu es très important, dit l’Aîné des Magiciens. Faut-il demander à l’Homme que voilà de te découper avec son kris ? Faut-il envoyer chercher Raja Moyang Kaban, le Roi des Éléphants, pour te trouer de ses défenses ? Ou appellerai-je Raja Abdulla, le Roi des Crocodiles, pour te mordre ?

Et Pau-Amma dit :

— J’ai honte ! Rends-moi ma coque dure et laisse-moi rentrer à Pusat-Tasek, et je n’en sortirai qu’une fois le jour et une fois la nuit pour chercher ma nourriture.

Et l’Aîné des Magiciens dit :

— Non, Pau-Amma, je ne te rendrai pas ta carapace, car tu deviendrais plus gros, plus orgueilleux et plus fort, et peut-être oublierais-tu ta promesse et te remettrais-tu à jouer avec la Mer.

Alors Pau-Amma dit :

— Que ferai-je ? Je suis si grand que je ne puis me cacher que dans Pusat-Tasek, et si je vais ailleurs, tout mou comme je suis, les requins et les chiens de mer me mangeront. Et si je rentre à Pusat-Tasek, tout mou comme je suis à présent, quoique j’y sois en sûreté je ne pourrai jamais en sortir pour chercher ma nourriture, et alors je mourrai.

Alors il agita ses pattes et se lamenta.

— Écoute, Pau-Amma, dit l’Aîné des Magiciens.