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poussaient au bout de tiges et elle marchait de côté, comme cela, et elle portait une forte armure sur son dos.

Et l’Aîné des Magiciens dit :

— Grande est la sagesse des petits enfants qui disent la vérité. Maintenant je sais où est allé Pau-Amma. Donne-moi la pagaie.

Il prit donc la pagaie, mais point n’était besoin de pagayer, car l’eau coulait continuellement, passées toutes les îles, jusqu’à ce qu’ils arrivassent au lieu nommé Pusat-Tasek — le Cœur de la Mer — où se trouve le grand creux par où l’on descend au cœur du monde, et dans ce creux pousse le Merveilleux Arbre Pauh Janggi, qui porte les deux noix magiques. Alors l’Aîné des Magiciens plongea son bras jusqu’à l’épaule dans l’eau profonde et chaude, et, sous les racines de l’Arbre Merveilleux, il toucha le large dos de Pau-Amma le Crabe, Et Pau-Amma s’enfonça comme on le touchait et la Mer monta comme l’eau monte dans une cuvette quand on y plonge la main.

— Ah ! dit l’Aîné des Magiciens. Je sais à présent qui jouait avec la Mer.

Et il appela : Que fais-tu, Pau-Amma ?

Et Pau-Amma, du profond des grandes eaux, répondit :

— Une fois le jour et une fois la nuit, je sors chercher