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Crevette était né organisateur. Il mit William à décharger la charrette à bras et ensuite à replacer bien proprement et bien exactement tous les paquets, sacs, boîtes de conserves et malles. Il l’envoya trois fois dans l’après-midi à travers le parc brûlant chercher de l’eau à un puits lointain équipé d’un treuil récalcitrant et d’une manivelle fendue qui pinçait les paumes grasses de William. Il le pria de ramasser des branches sèches, épineuses de préférence, aux flancs d’une haie pleine d’orties mûres, contre quoi l’uniforme scout n’offre guère de protection. Il le fit ensuite les déposer dans la cuisine-de-camp, en rejetant avec soin les vertes, car la plupart des branches se ressemblaient pour William ; et quand il n’y eut plus rien d’autre, il le mit à ramasser les papiers qui traînaient et les immondices en long et en large du camp. Tout ce temps-là non seulement il le poursuivit d’explications, mais s’attendit à ce que William lui montrât de la gratitude pour ainsi former son jeune esprit.

« C’est pas tout le monde qui se donnerait ce turbin-là pour toi, Pot, dit en toute vertu La Crevette, quand jusqu’à son âme énergique ne