venir tous les douze mois, et à moins que le Hugli ne soit surveillé d’aussi près que son cornac surveille un éléphant, il y a lieu de craindre qu’il ne s’envase, comme il s’est envasé autour des vieux ports hollandais et portugais à vingt et trente milles derrière Calcutta.
C’est pourquoi le Service du Port sonde, cure et drague le fleuve, et bâtit des éperons et des tas de systèmes pour amadouer les courants, et étiquète toutes les bouées de leurs justes lettres, et veille aux sémaphores et aux phares, et aux signaux de tempête par cylindre, boule et cône ; et les pilotes du Hugli font le reste ; mais en dépit de tout soin et summum d’attention, le Hugli avale son bateau ou deux bon an mal an. La venue de la télégraphie sans fil elle-même ne lui gâte pas l’appétit.
Lorsque Martin Trévor eut servi sur le fleuve depuis son enfance ; lorsqu’il se fut élevé jusqu’au grade de Pilote Major, ayant qualité pour amener à Calcutta les plus gros bateaux ; lorsqu’il n’eut pensé que pilotage du Hugli toute sa vie et parlé de rien que pilotage du Hugli à personne autre qu’à des pilotes du Hugli, il fut profondément surpris et tout autant indigné que