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proue. Aussi hélèrent-ils les embarcations pour leur dire de les remorquer et de tenir le navire tête au vent ; mais le canot seul obéit à cet ordre. Tout ce que pouvaient faire les autres était de se tenir à flot ; l’une d’elles avait été engloutie, quoique tout son monde eût été sauvé ; et quant à la chaloupe pleine de matelots mutinés, elle se conduisit de façon infâme. Un document dit que : « Elle ne se contenta pas de se tenir à l’écart, mais remit le navire et tout ce qu’il portait à perdition. » C’est ainsi que le Sarah Sands lutta seul pour sa vie, avec les requins pour assistance.

Vers trois heures du matin, le douze novembre, pompant, faisant la chaîne, inondant et humectant, ils commencèrent à espérer de s’être rendus maîtres du feu. Vers neuf heures ils virent de la vapeur s’élever de ses flancs au lieu de fumée, et à midi ils rappelèrent les embarcations et firent l’inventaire du dommage. Du mât d’artimon à l’arrière il n’était rien à quoi l’on pût donner le nom de navire, à la seule exception de sa coque. Ce n’était plus qu’un amas fusant de débris de fer avec vingt pieds d’eau noire et grasse allant et venant à travers les bielles