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la plus belle histoire du monde

littéraires, et je le voyais de moins en moins à mesure que les semaines s’écoulaient, tandis que la terre s’entr’ouvrait, mûre pour la venue du printemps, et que les bourgeons gonflaient leurs gaines. Il ne se souciait plus de lire ou de parler de ses lectures, et le timbre de sa voix avait un ton d’assurance nouvelle. Je ne me souciais guère davantage de lui rappeler la galère quand nous nous rencontrions, mais il saisissait toutes les occasions d’y faire allusion, toujours comme à une histoire dont on pouvait tirer de l’argent.

— Je crois que je mérite bien vingt-cinq pour cent au moins, n’est-ce pas ? disait-il avec sa belle franchise. J’ai fourni toutes les idées, n’est-il pas vrai ?

Cette âpreté au gain montrait un nouveau côté de son caractère. Elle s’était développée sans doute dans la Cité où Charlie ramassait aussi le curieux nasillement traînard du « cityman » sans éducation.

— Quand la chose sera faite, nous en causerons. Je ne peux rien en tirer à présent. Le