Page:Kipling - Contes Choisis, 1918.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
la plus belle histoire du monde

— Pas l’ombre d’une chance ?

— Comment pourrait-il y en avoir ? Vous êtes un chrétien et il est défendu, d’après vos livres, de goûter à l’Arbre de Vie, ou bien vous ne mourriez jamais. Comment craindriez-vous la mort si vous saviez tout ce que votre ami ne sait pas qu’il sait ? J’ai peur de recevoir des coups de pied. Mais je n’ai pas peur de la mort, parce que je sais ce que je sais. Vous, vous n’avez pas peur des coups de pied, mais vous avez peur de la mort. Sans cela, du diable si vous autres Anglais ne seriez pas tous dans la boutique au bout d’une heure à bouleverser l’équilibre des pouvoirs et à faire du désordre. Ce qui serait mauvais. Mais n’ayez pas peur. Il se souviendra de moins en moins, et traitera le tout de rêves. Puis il oubliera. Quand j’ai passé mon premier examen à Calcutta, tout cela était dans l’aide-mémoire sur Wordsworth : « Nuages de gloire qui passent, » vous savez.

— Ceci me semble une exception à la règle.

— Il n’y a pas d’exceptions aux règles. Quel-