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la plus belle histoire du monde

querelles qui s’élèveraient d’entre une demi-douzaine de sectes étiquetées, professant toutes « la doctrine de la Vraie Métempsycose dans ses applications au monde et à l’Ère nouvelle » ; — et je vis, en outre, les respectables gazettes anglaises s’effarouchant, comme des génisses émues, devant la belle simplicité du récit. L’esprit humain, d’un bond, franchissait cent — deux cents — mille années. Je pressentis avec douleur les hommes qui éplucheraient et mutileraient l’histoire ; les croyances rivales qui la bouleverseraient à l’envers, jusqu’à ce que, en dernier ressort, le monde occidental, qui se cramponne plus étroitement à la crainte de la mort qu’à l’espoir de la vie, la reléguât au rang de superstition intéressante et s’emballât sur la piste de quelque foi depuis si longtemps oubliée qu’elle en paraîtrait nouvelle. Là-dessus, je changeai les termes du marché à conclure avec les maîtres de la Vie et de la Mort. Le loisir seulement de connaître, d’écrire cette histoire en parfaite assurance que je transcris la vérité, et je brûle-