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contes choisis

j’abandonnerais tout profit et gloire sur ce que je pourrais tirer de sa parole. Je ne prendrais aucune part à l’agitation générale qui s’ensuivrait en ce coin particulier de la terre qui s’appelle le « monde ». La chose serait publiée sous le voile de l’anonyme. Bien plus, je ferais croire à d’autres que c’étaient eux qui l’avaient écrite. Ils loueraient des agents, des Anglais coriaces, sans pudeur de réclame personnelle, pour la mugir à l’univers. Des prêcheurs fonderaient sur cette base une nouvelle règle de vie, avec force serments que c’était du neuf et qu’ils avaient soustrait enfin l’espèce humaine à l’épouvante de la mort. Tous les orientalistes d’Europe la patronneraient avec abondance au moyen de textes en langue sanscrite ou pali. Des femmes terribles inventeraient des variantes malpropres au dogme tel que professé par les hommes, pour la plus grande élévation de leurs sœurs. Églises et religions en feraient un champ de guerre. J’entrevis, de l’instant où je hélai un omnibus à celui où il s’ébranla pour repartir, les