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contes choisis

rait avec transport quelque poème ouvert à cet instant sous ses yeux.

— Où était-il allé pendant ce temps-là ?

Je murmurais à peine, de façon à faire parvenir doucement ma phrase jusqu’au lobe quelconque du cerveau de Charlie qui fonctionnait à mon intention.

— Aux Grèves — aux Longues Grèves Merveilleuses ! répondit-il, après une minute de silence.

— À Furdurstrandi ? demandai-je, en frissonnant de la tête aux pieds.

— Oui, à Furdurstrandi, — il prononça le mot d’une façon nouvelle. — Et moi aussi, je vis…

Sa voix s’éteignit.

— Savez-vous ce que vous venez de dire ? criai-je imprudemment.

Il leva les yeux, tout réveillé maintenant.

— Non, dit-il d’un ton sec. Je voudrais bien que vous laissiez lire un pauvre diable. Écoutez ceci :