Page:Kipling - Contes Choisis, 1918.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
la plus belle histoire du monde

dont un bateau touche, les rames qui ripent et font z-z-z-p tout le long de la ligne ? Mais rien que la nuit dernière… Non, continuez, je vous prie, et relisez « The Skerry of Shrieks ».

— Non, je suis fatigué. Causons. Qu’est-il arrivé la nuit dernière ?

— J’ai fait un rêve affreux au sujet de notre galère. J’ai rêvé que je me noyais pendant un combat. Vous comprenez, nous avions abordé un autre bateau dans le port. Il faisait calme plat, sauf où nos rames fouettaient l’eau. Vous savez où je suis toujours assis dans la galère ?

Il parlait avec hésitation d’abord, en proie à cette crainte naturelle à tout bon Anglais : faire rire de lui.

— Non. C’est tout nouveau pour moi, répondis-je humblement, tandis que mon cœur se mettait à battre.

— À la quatrième rame à partir de l’avant, à droite, sur le troisième pont. Nous étions quatre à cette rame, tous enchaînés. Je me rappelle comme je guettais l’eau en essayant d’enlever